N'entendez pas les "p'tits vieux" d'une manière négative ou dénigrante...mais bel et bien sur un ton attendri.
Jacques Brel les avait appelés simplement "les vieux", d'autres les nomment les séniors...un peu pompeux à mon goût!
Bref, vous voyez de qui je veux parler....de cette tranche d'âge qui a déjà parcouru un long chemin et qui voit le bout de ce dernier se profiler à l'horizon...
Ce qui me frappe depuis mon retour des hauts plateaux himalayens, c'est à quel point les p'tits vieux de chez nous sont différents de ceux de là-bas!
Là-bas, même au bout du chemin, ils gardent le regard pétillant! leur sourire édenté en dit long sur leur vie pas toujours facile, leur peau burinée et plissée raconte leur histoire avec la nature rude de ces contrées...Ils sont certainement bourrés d'arthrose, autant si ce n'est plus que nos p'tits vieux d'ici, ils ont certainement aussi leur bobos...mais ce n'est pas ce qu'ils racontent....
Je pense presque chaque jour à ce vieux moine qui se baladait le long du canal et qui nous a salué et demandé si c'étaient nos nono (enfants), en montrant nos garçons! nous lui avons répondu que oui, et là, un sourire a envahi son visage! il nous a ensuite invité à la puja (prière) du soir en indiquant le monastère derrière nous. Avec trois mots, quelques gestes et tellement de sourire et d'étincelles dans son regard....il était le plus vivant des hommes!!!
Dans nos contrées riches, nos p'tits vieux s'éteignent bien avant la fin de leur chemin...leur regard, leurs mouvements s'effacent. Ils souffrent profondément de tous leur bobos...
Ils ont pourtant bien plus matériellement...Alors pourquoi?!
Je me fait la réflexion qu'ils ont peur...peur de cette fin qui s'annonce. Et la peur les fait se recroqueviller sur eux-mêmes. Les p'tits vieux de là-bas pourraient aussi avoir peur!!! La grande différence vient probablement de leur spiritualité qui guide leur vie, contrairement à nous qui n'en avons plus beaucoup! En effet dans le bouddhisme, les notions de karma, d'impermanence, de renaissance, de détachement...sont très importantes et très présentes. Et elles facilitent cette fin du chemin puisqu'il y en aura un autre après!
Nous n'avons pas besoin d’être bouddhistes pour vivre bien la dernière partie de notre vie. D'ailleurs certains le font très bien ici aussi! Il faut peut-être se donner les moyens d'exprimer sa peur et préparer son départ. Beaucoup de personnes se sentent en effet soulagées, une fois partagé leurs dernières volontés avec leurs proches. La mort fait partie de la vie, nous avons parfois besoin d'en parler.
Mais avant la mort ne gâchons pas ces années à nous ronger de peur! Redonnons du goût à notre vie, épiçons nos journées avec des échanges avec nos proches et nos voisins....Vivons pleinement le moment présent, ici et maintenant! Et retrouvons ce regard émerveillé et ces sourires qui font vivre nos visages...et battre nos coeurs!